La collection « Du monde entier » voit le jour en 1931, vingt ans après la fondation des éditions de La Nouvelle Revue française devenues Éditions Gallimard en mai 1911 sous la houlette de Gaston Gallimard. Elle est considérée comme l’une des plus importantes collections spécialisées en littérature traduite de l’édition française, publiant essentiellement des œuvres narratives de fiction et dans une bien moindre mesure des œuvres poétiques, des autobiographies ou des correspondances. L’époque de sa fondation est caractérisée par la multiplication des collections : « Mais là où la plupart des maisons misent sur une collection phare, tel « Les Cahiers verts » pour Grasset, Gallimard lance, des lendemains de la guerre au milieu des années 1930, c’est-à-dire, en gros jusqu’à la signature du contrat de distribution avec Hachette, plus de trente collections. » (Kopp, 169) Le catalogue imprimé qui recouvre 80 années d’existence de la maison (Catalogue NRF, mai 1911 – déc. 1990, Gallimard, 1991, 676 p.) fait état, dans sa troisième partie, de 126 collections. Les années 1930 voient, en effet, naître « Les Rois du jour » (1930), « La Bibliothèque de la Pléiade » (1931), « Les Essais » (1931), « Géographie humaine » (1933), « Leurs Figures » (1934), « Problèmes et Documents » (1934), « Les Classiques russes » (1935), « L’Avenir de la science » (1936), « Métamorphoses » (1936), « Psychologie » (1936), « La Connaissance de soi » (1937), « L’Espèce humaine » (1937) et « Les Classiques anglais » (1938). Si certaines de ces collections ont été éphémères ou ont été absorbées par « Du Monde entier », d’autres sont restées emblématiques de la maison. Par ailleurs, du côté des illustres aînés, la création de la collection de littérature étrangère « Univers » chez Fayard (premier titre : Thomas Mann, La Montagne magique), au nom aussi évocateur que « Du Monde entier », est également fondée en 1931.
Le nom de la collection renvoie au titre d’un triptyque de poésies de Blaise Cendrars parues en 1919, qui seront intégrées dans la première édition complète et définitive de son œuvre, Du Monde entier au cœur du monde (Denoël, 1944). Ce volume sera repris par Gallimard sous le titre Du monde entier. Poésies complètes 1912-1924. « Le titre Du monde entier fait du poète un voyageur réel et fictif, un aventurier-explorateur de partout, un reporter sans frontières de choses lues ou vues, entre New York, Moscou, Paris, le canal de Panama, l’Oklahoma, le Far West, du sud au nord, du continent noir au Brésil », commente Yves Leclair (Encyclopædia Universalis). Cette phrase pourrait être lue comme une métaphore de la collection qui nous occupe.
Le logo de la première période est une « vignette aux flambeaux croisés, gravée sur bois par Galanis » (Bulletin de la NRF, n° 147, 1960, 12-13). Il a été remplacé en 1962 par le logo actuel (dont il existe des variantes), qui est un photographisme de Georges Guimbertaud adapté par Massin (1925-1920), célèbre graphiste et typographe, directeur artistique chez Gallimard pendant 20 ans. Le motif est plus abstrait, atemporel, évoquant le tracé d’une rotation planétaire. Depuis 1993, suivant une esthétique qui s’installe progressivement en France dans l’édition de grande diffusion, une jaquette photographique recouvre la couverture des nouveautés de la collection.
Jean Paulhan crée en 1925 le comité de lecture des Éditions Gallimard. Deux ans plus tard, ce comité se compose de Robert Aron, Benjamin Crémieux, Ramon Fernandez, Jean Grenier, Bernard Groethuysen, Louis-Daniel Hirsch, Georges Lecoq, Brice Parain, Jean Paulhan, Georges Sadoul et Gaston Gallimard. Robert Aron gère les cessions et acquisitions et devient responsable du service des traductions. Il entre dans l’entreprise le 17 juillet 1924 en tant que secrétaire de Gaston Gallimard et gravit vite les échelons. Dionys Mascolo entre dans la maison en 1942 et succède à Robert Aron en 1946. Il dirige les traductions avec Michel Mohrt, arrivé à la NRF en 1952 et Ugné Karvelis. Les années 1960 voient la création d’un service de cessions distinct du service des acquisitions. Pendant cette période, Monique Lange et Jean O’Neil dirigent les cessions de droits. Catherine Van Büllow dirige les acquisitions entre 1969 et 1975. Ensuite c’est Yannick Guillou, de 1975 à 1998, relayé par Jean Mattern, jusqu’en 2016. Les responsables du domaine anglo-saxon ont été Christine Jordis, entre 1991 et 2012, ayant succédé à Michel Mohrt, puis Marie-Pierre Gracedieu, de 2012 à 2021, qui a été aussi directrice littéraire de la collection.
En 1963, dans le Bulletin de la NRF, n° 178 (1), un texte de présentation de la collection intitulé « Un miroir du monde entier » se terminait sur ces lignes : « Choisis une première fois par les éditeurs étrangers ; une seconde fois par le comité de lecture de la N. R. F., les romans du “Monde entier” présentent les garanties les meilleures d’intérêt et de qualité littéraire. » En 2012, l’éditeur affirmait sur son site internet que la collection n’a jamais eu de directeur attitré. La version actuelle du site (mise à jour en 2020) rend hommage à ceux et celles qui ont apporté à la collection leur savoir, leur flair et leur érudition, sans indiquer de directeur de collection :
Membres du comité de lecture et collaborateurs extérieurs, forts de leurs compétences linguistiques propres et de leur connaissance des littératures nationales, contribuent à enrichir « Du Monde entier », comme l’ont fait en leur temps André Malraux, Benjamin Crémieux, M.-E. Coindreau, Brice Parain, Raymond Queneau, Michel Mohrt, Dominique Aury, François Erval, Dionys Mascolo ou Yannick Guillou et, ces dernières années : Juan Goytisolo, Hector Bianciotti, Bernard Lortholary, Christine Jordis, Gustavo Guerrero, Vincent Raynaud, Semyon et Daniel Mirsky et Jean Mattern, qui a assuré la coordination de la collection jusqu’en 2016.
Tiffany Gassouk est chargée, actuellement, des domaines anglophone et asiatique. Dans le Catalogue NRF déjà mentionné, une mosaïque de 20 portraits photographiques illustre les membres du comité de lecture de la maison en 1990 : Antoine Gallimard, J.M.G. Le Clézio, Claude Roy, Michel Tournier, Jacques Réda, Bernard Lortholary, Teresa Cremisi, Jean Grosjean, Severo Sarduy, Michel Mohrt, Pierre Nora, Jean-Marie Laclavetine, Robert Gallimard, Dominique Aury, J.-B. Pontalis, Roger Grenier, Philippe Sollers, Isabelle Gallimard, Pascal Quignard et Milan Kundera. L’ouverture vers les littératures du monde est perceptible dans cette équipe qui rassemble des auteurs, traducteurs et éditeurs d’ici et d’ailleurs.
La présente notice explore, sur fond d’activité globale de la collection « Du Monde entier », la place attribuée au domaine états-unien, ses fluctuations et ses invariants, au fil d’un siècle d’existence.
Recherche d’un canon littéraire (1930-1950)
Jusqu’en 1950, date à laquelle intervient la séparation entre littératures française et étrangère, la collection ne publie qu’une sélection de titres initialement parus sous la couverture de la « Blanche », principale collection de littérature moderne et contemporaine de la maison. « Du Monde entier » ne s’adresse alors qu’aux bibliophiles. Ces vingt premières années sont fondatrices, déterminantes d’une ligne éditoriale qui s’attache à travailler un canon littéraire en matière de traductions. Le Catalogue des éditions de la NRF (arrêté au 31 décembre 1935 et établi le 1er juillet 1936), rédigé par L.-D. Hirsch, présente ainsi « Du Monde entier » :
Cette collection entreprend de réunir quelques-uns des meilleurs romans étrangers présentés par des écrivains français connus et dont l’autorité garantisse au lecteur, parmi le nombre considérable des traductions de toutes langues, une qualité littéraire certaine. C’est par cette collection qu’ont été révélés Lawrence, Faulkner et Kafka. Tirage restreint, numéroté, sur alfa, sous une couverture spéciale, et constituant authentiquement l’édition originale de chaque ouvrage ci-dessous. (111)
Faulkner (3 titres) et Hemingway (1) sont, à cette date, les seuls auteurs états-uniens sur les neuf accueillis dans la collection. L’anglais américain représente 19 % de l’ensemble du catalogue, toutes collections confondues (la traduction représente 16,7 % du catalogue, 368 titres traduits sur 2 200 titres publiés). Les autres langues traduites dans la collection sont l’allemand, le danois, l’espagnol, le hongrois, l’italien, le polonais, le russe et le tchèque.
Après les années sombres de l’Occupation, le contexte politique favorise l’expansion de la littérature états-unienne. J.-M. Gouanvic observe que dans la France des années 1945 et 1950, l’« éditeur dominant est clairement Gallimard qui, avec sa collection “Du Monde entier” (…), exerce un quasi-monopole ». (Gouanvic, 65). G. Sapiro, quant à elle, signale qu’« après Manhattan transfer (1929) de John Dos Passos, qui se vend à 2 800 exemplaires la première année et L’Adieu aux armes (1932) d’Ernest Hemingway, que préface Pierre Drieu La Rochelle, les éditions de la NRF entreprennent de publier l’œuvre de William Faulkner, puis des romans d’Erskine Caldwell et de John Steinbeck. À la veille de la guerre, les “Cinq Grands” américains seront donc entrés au catalogue de la Maison » (« À l’international » 127). Hormis Dos Passos qui n’intégrera la collection qu’en 1948, les quatre autres auteurs états-uniens mentionnés paraissent déjà sous la couverture « Du Monde entier ». En 1946 Sartre, dont l’intérêt pour ces nouvelles formes narratives s’affirme, déclare dans un entretien radiophonique que « la littérature américaine que nous avons connue entre 1930 et 1940 était la littérature Coindreau, puisque c’est lui qui choisissait ». Cette formule célèbre consacre cet important traducteur et préfacier, professeur de français à Princeton, effectuant un travail essentiel de repérage d’auteurs états-uniens depuis les années 1920. Gallimard s’appuie également sur l’agence Bradley qui représente en France de très nombreux auteurs états-uniens entre 1920 et 1970. Coindreau aura traduit (ou co-traduit) la plupart des auteurs phares de cette période (Ernest Hemingway, William Faulkner, Erskine Caldwell, John Steinbeck, John Dos Passos, Truman Capote, William Goyen, Flannery O’Connor). Sa traduction (complétée et achevée par Marcel Duhamel), en 1947, des Raisins de la colère de Steinbeck fait partie des meilleures ventes de la maison jusqu’à nos jours.
Steinbeck est l’un de cinq auteurs de la collection à recevoir le prix Nobel (1962) : Faulkner (1949), présent dans la collection dès 1933 (Sanctuaire) ; Hemingway (1954), présent dès 1931 ; Saul Bellow (1976), présent dès 1961 (Le faiseur de pluie) et plus récemment la poétesse Louise Glück (2020), arrivée dans la collection en 2021 (Nuit de foi et de vertu). En plus de ceux déjà mentionnés, les autres traducteurs de l’anglais américain marquants jusqu’aux années 1950 sont René Daumal, Henri Robillot et Marcelle Jossua.
Consécration et accumulation (1950-1980)
Le Catalogue des éditions de la NFR daté du 31 décembre 1952 (qui est une réimpression de celui de mai 1948) affiche 29 auteurs dans la collection, dont 11 auteurs états-uniens (117). La collection s’étoffe au fil de ces années qui voient la croissance des importations, comme en témoignent les suppléments du catalogue qui répertorient les nouveautés de chaque période de référence : dans le Supplément du catalogue qui recouvre la période du 1er juin 1948 au 31 décembre 1957, on compte 73 auteurs, dont 22 états-uniens ; dans celui du 1er juillet 1961 au 30 juin 1964, on compte 78 auteurs, dont 14 états-uniens ; dans le Supplément du 1er janvier 1968 au 31 décembre 1971, on compte 152 auteurs, dont 22 états-uniens et dans le Supplément du 1er janvier 1968 au 31 décembre 1978, on compte 253 auteurs, dont 36 états-uniens. Le Bulletin de la NRF, n° 147, 1960 (12-13) affiche pour « Du Monde entier », 245 titres, 103 auteurs et 16 pays.
Dans la collection « Du Monde entier », le nombre moyen de titres publiés annuellement augmente entre les années 1950 et 1960 de 15 à 37, une moyenne qui se maintiendra dans les deux décennies suivantes. Les langues se diversifient, passant de 14 à 24, le nombre de pays représentés de 23 à 38. L’anglais reste prépondérant mais voit sa part diminuer (de 60 % à 42 %) au profit des autres langues. Le prestige dont jouit la littérature américaine est conforté par la diversité des veines représentées, de Saul Bellow (Prix Nobel 1976) à Jack Kerouac, en passant par Nelson Algren, James Baldwin et les écrivains du Sud Flannery O’Connor, William Styron et William Goyen. (Sapiro, « À l’international » 136)
En décembre 1962, l’éditeur publie un extrait de catalogue intitulé Littératures étrangères. Cet important document de diffusion, simple et efficace quant à la conception des notices, organise et classe la production de la littérature traduite. Ce geste souligne l’importance que le domaine a acquis au sein de la maison dix ans après son autonomie par rapport à la littérature française. Cet extrait de catalogue est structuré par collection et par aire linguistique. 44 auteurs sont référencés par ordre alphabétique en « Littérature américaine » au sein de la collection « Du Monde entier » depuis ses débuts. Voici l’exemple de deux notices pour des auteurs appartenant à des courants littéraires différents, nouvellement rentrés dans la collection et à la postérité très longue, tous deux découverts par Michel Mohrt :
Dans ce même extrait de catalogue, un texte bref de présentation de la collection, non signé, est placé en tête de la section « Du Monde entier » et comme tout texte de ce type, il s’adresse à la fois au public et aux confrères et cherche à guider la réception. Il se retrouvera sur d’autres supports de diffusion, plus développé, comme dans le Bulletin de la NRF, n° 187, 1964 (1), et cette fois-ci il est signé « Maurice-Edgar Coindreau ». Programmatique et contractuel, éclairant les ambitions de la collection dans son ensemble, laissant transparaître le savoir spécialisé en espagnol et en anglais de son rédacteur, et une certaine ambiance de modernité, il mérite d’être intégralement cité :
Aux lecteurs curieux de se documenter sur l’activité intellectuelle dans les cinq parties de notre planète, la collection « Du Monde entier » offre les mêmes commodités que l’aviation aux voyageurs pressés et la télévision aux amateurs d’images. Conçue dans l’esprit le plus éclectique, cette collection s’applique à ne présenter que les œuvres qui, depuis une trentaine d’années, ont modelé le visage des littératures étrangères et parfois entraîné la nôtre dans les chemins jusqu’alors inexplorés. Attentive à l’évolution constante de la pensée et de l’invention romanesque en dehors de nos frontières, elle recueille, sans abandonner les anciens, de très jeunes auteurs dont elle prévoit la renommée future. Ainsi, William Faulkner y figura bien avant que le prix Nobel ne l’imposât à ses compatriotes, et l’on peut voir aujourd’hui, dans le domaine espagnol, par exemple, Camilo José Cela et Miguel Delibes côtoyer leurs cadets Juan Goytisolo et Ana Maria Matute. De même, dans le domaine américain, John Dos Passos et Francis Scott Fitzgerald gardent leur place en compagnie de Truman Capote, de Flannery O’Connor et des beatniks qui, à leur tour, ne s’étonnent pas d’avoir pour voisin Fred Chappell, le benjamin des écrivains du Sud.
Ce mélange des générations montre clairement que la collection « Du Monde entier » tient à garder le caractère d’un panorama, dont l’ampleur augmente chaque année, et non d’une présentation de cas particuliers qui pourraient n’être que des phénomènes isolés. Les auteurs qui figurent se succèdent chronologiquement, mais ils n’en coexistent pas moins. Aussi la collection « Du Monde entier » s’adresse-t-elle non seulement aux amateurs lettrés désireux d’être informés des œuvres les plus marquantes publiées dans tous les coins du monde, mais aux historiens des littératures étrangères auxquelles elle offre, outre des points de repères et des étapes, un instrument de travail qui permet des rapprochements et des comparaisons génératrices de futures synthèses. (3)
Cet épitexte éditorial fonctionne comme une parfaite définition atemporelle de la notion de collection. Ainsi il est repris dans le Supplément Littératures étrangères NRF de janvier 1967 – janvier 1968, puis dans le Supplément Littératures étrangères NRF de février 1968 – mars 1969 (3) allégé du passage sur les auteurs trop marqués par le sceau « Coindreau ».
Dans le Bulletin, n° 167, 1962 (19-20), le soin de présenter la « Littérature américaine » (et « anglaise ») au sein de la collection est confié à Michel Mohrt, véritable éditeur découvreur, conscient de son autorité. La collection, espace de consécration et de création éditoriale, parvient, par son action à la fois critique et performative, à implanter les auteurs sélectionnés sur leur territoire national d’origine et sur le territoire d’accueil.
Le domaine américain de la collection « Du monde entier » est, sans aucun doute, le plus riche, le plus prestigieux dont une collection étrangère puisse s’enorgueillir. Non seulement il comprend les noms des grands écrivains du passé, (bien que Melville, Poe, Whitman et beaucoup d’autres figurent dans la « collection Blanche »), mais tous ceux de la « génération perdue », qui ont donné à la littérature américaine sa place, l’une des premières, dans la littérature mondiale : Hemingway, Faulkner, Scott Fitzgerald, Dos Passos, O’Neill, Steinbeck, Caldwell… « Du Monde entier » a révélé dans les admirables traductions de M-E. Coindreau et de R. N. Raimbault l’œuvre de Faulkner, avant même que cet écrivain ait été reconnu dans son pays, où l’on persistait à voir en lui un romancier « régionaliste ». L’éclat de ces noms a été si vif, que celui des écrivains de la génération postérieure en a souffert. Et pourtant, depuis la deuxième guerre mondiale, de jeunes romanciers sont apparus, dont les œuvres peuvent être comparées à celles du passé : les Nelson Algren, les Saul Bellow, les Truman Capote, les William Styron… La « beat generation », dont l’irruption tapageuse n’a pas été du goût de tout le monde, a révélé quelques écrivains authentiques comme Jack Kerouac, qui trouve place à côté de ses aînés.
Notons qu’une quinzaine d’auteurs états-uniens (sur 38) publiés dans la « Blanche » avant 1960 n’ont pas intégré « Du Monde entier », soit parce qu’ils n’ont pas été réédités, soit parce qu’ils ont pris le chemin d’autres collections – ainsi E. Allan Poe, H. D. Thoreau ou J. London.
S’il existe une part de triomphalisme dans les arguments promotionnels mobilisés par les piliers de la collection concernant le talent des écrivains de cette période, il n’en est pas moins vrai que ces passeurs majeurs de la collection ont contribué à faire des écrivains qu’ils ont introduits des classiques de la littérature états-unienne en France. Leur influence a été multiple. Michel Mohrt, reçu à l’Académie française (1986) a aussi une carrière de romancier et de critique littéraire. En 1987, paraît dans la « Blanche » son ouvrage L’Air du large II. Essais sur le roman étranger qu’il présente lui-même ainsi :
J’ai cru pouvoir reproduire une étude sur l’ensemble de l’œuvre de Faulkner déjà parue dans un ouvrage de 1955 intitulé Le Nouveau Roman américain. Ce livre est épuisé. Son titre même fait comprendre pourquoi, plus de trente ans après sa publication, il n’est pas question de le réimprimer : ce qui était « nouveau » alors ne l’est plus aujourd’hui. Des auteurs peu connus en France, dont je parlais pour la première fois – Saul Bellow, William Styron –, sont aujourd’hui consacrés. Par contre, l’œuvre de Faulkner était, elle, presque achevée. J’ai pensé que l’étude sur cet écrivain devenu classique méritait d’être de nouveau offerte au lecteur. (Bulletin, n° 358, 1988, 4.)
L’interrogation du catalogue numérique sur le site de l’éditeur (en septembre 2023, sous-catégorie : « littérature anglo-saxonne », nationalité « États-Unis ») montre que la plupart des auteurs réédités au sein de la collection, à des dates relativement récentes, sont ceux des quatre premières décennies de son existence. Plus concrètement, sur les 156 auteurs états-uniens et les 514 titres de la collection, 16 auteurs et 30 titres seulement ont connu une réédition. Leur présence stable dans le fonds est le signe de leur classicisation. Il s’agit des Hemingway, Dos Passos, Caldwell, Henry Miller, Hawthorne, Horace McCoy, Steinbeck, Herman Melville, Nabokov, Fitzgerald, Dorothy Baker, Gertrude Stein, William Burroughs, Sherwood Anderson, Philip Roth et William Humphrey. Le processus de classicisation est porté également par la multiplicité de supports et de canaux de distribution, ainsi que par la présence de chacun de ces auteurs dans d’autres collections de la maison, la « Blanche » bien sûr pour les plus anciens, mais aussi « La Bibliothèque de la Pléiade », « Quarto », « Folio », « Série noire », voire pour certains « Gallimard jeunesse ». Les auteurs états-uniens « Du Monde entier » ayant connu les honneurs de La Pléiade, collection par excellence de canonisation, sont Hemingway (t. I, 1966 et t. II, 1969), Faulkner (t. I, 1977 ; t. II, 1995 ; t. III, 2000 ; t. IV, 2007 ; t. V, 2016 et Nouvelles, 2017), Nabokov (t. I, 1999 ; t. II, 2010 et t. III, 2021), Melville (t. I, 1997 ; t. II, 2004 ; t. III, 2006 et t. IV, 2010), Fitzgerald (2012), Roth (t. I, 2017 et t. II, 2022), et Steinbeck (2023).
Diversification et constantes (1980-…)
En 1981, Gallimard publie un nouveau Catalogue des littératures étrangères (128 p.), synthèse de 50 années d’activité pour « Du Monde entier ». L’ampleur de la collection est désormais considérable. L’ère de la mondialisation commence, caractérisée par une grande diversification et une augmentation du nombre de traductions. La quatrième de couverture du fascicule affiche « 470 auteurs représentant 43 pays, 1 112 titres de 30 langues » et 22 prix Nobel (27 actuellement). On compte 98 auteurs états-uniens, soit 21 % du catalogue qui multiplie les titres des auteurs des générations précédentes. L’éditeur poursuit sa politique d’auteur pour les écrivains reconnus (ainsi Caldwell qui comptabilise 16 titres ; Melville, 15 ; Updike, 13 ; Dos Passos, 11). La part de la littérature états-unienne de la collection semble s’appuyer principalement sur ses acquis. La découverte de nouveaux auteurs se poursuit, mais connaît un rythme moins soutenu. Rares sont surtout les auteurs introduits pendant ces années et dont l’œuvre sera suivie, comme Mary Gordon (4 titres), Thomas Rogers (3), Tom Wolfe (3) ou Shelby Foote (2).
Pour la décennie suivante, nul changement notable concernant le domaine états-unien, comme en témoigne l’extrait de catalogue « Du Monde entier » de 1989 (47 pays représentés, 106 auteurs états-uniens). Nous arrivons aux années 1990 et le Catalogue général de 1991, déjà mentionné, présente dans sa deuxième partie « un classement alphabétique des noms d’auteurs (pages 15 à 539) recensant plus de 4 000 entrées », dont environ 580 auteurs, toutes origines confondues, pour « Du Monde entier ». Un cahier iconographique en couleurs retrace les moments forts de l’histoire de la maison. On notera que pour illustrer la naissance de la collection, la couverture choisie est celle de L’Adieu aux armes, plutôt que celle de l’ouvrage inaugural (Erich-Marie Remarque, Après). L’identité de la collection, soixante ans après sa fondation, semble être attachée au domaine états-unien.
Entre 1980 et 2000, 117 ouvrages ont été traduits de l’anglais américain dans « Du Monde entier », soit 17 % des titres de la collection. On observe une pléthore de traducteurs (50 environ pour la période), dont Maurice Rambaud (1927-2000), qui traduit, entre autres, Roth et Updike, est la figure qui s’impose. En 2002, Gallimard édite le dernier catalogue papier et développe en parallèle une base bibliographique en ligne sur son site. En ce début des années 2000, la collection traduit à partir de 35 langues de 50 pays et compte 123 auteurs états-uniens. Actuellement, le nombre de langues remonte à 46 et celui de nationalités à plus de 73. Les Bulletins, outil promotionnel précieux désormais sous forme de magazine très illustré, continuent de circuler sur support imprimé et sont complémentaires au site internet. L’extrait de catalogue de 2002, pour le « domaine anglo-saxon » du côté des États-Unis met en avant quatre auteurs, deux illustres représentants de l’école juive de New York et deux auteurs afro-américains : Philip Roth, Saul Bellow, John Edgar Wideman et, pour la nouvelle génération, Colson Whitehead.
Roth (26 titres dans la collection) est l’auteur phare états-unien des dernières décennies de la collection. Une fois de plus, Michel Mohrt tombait juste en le recommandant en 1962 à Claude Gallimard :
J’ai passé le week-end dernier chez Styron, enchanté de nous, du programme de publication en janvier. (…) Il y avait chez lui Philippe Roth dont le roman Letting Go, que j’ai lu avant de partir et que je t’ai demandé de prendre, est le grand événement de la saison ici. Je ne m’étais pas trompé en insistant pour que l’on prenne cet auteur. Tout le monde le tient ici pour l’un des plus prometteurs de la jeune génération. (Lettre du 2 juillet 1962 ; Sapiro, « À l’international » 136)
Les chiffres sont éloquents quant au succès durable de cet auteur :
Philip Roth, lauréat en 2002 du prix Médicis étranger pour La Tache (tiré à 190 000 exemplaires, il avait atteint la deuxième place du classement des meilleures ventes de romans en janvier 2003), et dont le vingt-huitième roman, Exit le fantôme, paru chez Gallimard dans la traduction de Josée Kamoun, avec un tirage de 50 000 exemplaires, clôt le cycle Zuckerman après Un homme, sorti en 2007 est réédité en poche « Folio » à 60 000 exemplaires en 2009 (il a été classé 21e sur la liste de meilleures ventes de poche en février). (Sapiro, Les échanges littéraires 65)
Contrairement aux précédentes, la dernière génération d’écrivains états-uniens accueillis dans la collection comprend généralement des autrices et auteurs déjà reconnus dans leur pays, souvent primés ou appartenant au monde académique et artistique. Nous pouvons considérer que la prise de risque, avec le choix de ce genre de profil, est minimisée. Ce qui n’exclut pas l’importation d’une littérature contemporaine de qualité. Un seul exemple : Francine Prose, « auteur d’une vingtaine d’œuvres de fiction. Elle a reçu de nombreuses récompenses et de nombreux honneurs. Elle a été présidente du PEN American Center et est membre de l’American Academy of Arts and Letters et de l’American Academy or Arts and Sciences. Elle vit à New York. » (Bulletin, n° 507, mars-avril 2015, 24). Un seul titre dans « Du Monde entier » (Deux amantes au Caméléon), et trois autres dans « Empreinte » de Denoël, enseigne appartenant au groupe Gallimard depuis 1946.
D’un transfert l’autre
La maison Gallimard est l’un des principaux acteurs de la construction des liens entre Paris et New York en matière d’échanges littéraires, depuis les années 1920. Si l’intérêt pour la littérature des États-Unis fut général et a connu un apogée pendant les années qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale (entre 1948 et 1958, 224 titres traduits par an en moyenne en France ; la littérature américaine représente 65,5 % des traductions en 1949 – Poulin, Banoun, 789-790), Gallimard avait déjà audacieusement exploré cette littérature avant même la naissance de « Du Monde entier », en 1931 (S. Anderson, E. Hemingway, J. Dos Passos). Grâce à une politique d’auteur affirmée au sein de la collection, mais aussi grâce à une diversification dictée par les impératifs de la surconcentration du marché éditorial français et états-unien, Gallimard fait également figure, depuis un siècle, du plus grand exportateur de titres français vers les États-Unis. La difficulté qu’ont les œuvres étrangères à se faire traduire aux États-Unis est pourtant bien connue… 29 % de titres français traduits aux États-Unis, entre 1990 et 2003, proviennent des éditions Gallimard (Sapiro, Les échanges littéraires 37). On peut supposer que ce taux est encore plus élevé dans les années suivantes, après le rachat de P.O.L (2003) et des Éditions de Minuit (2021) qui, d’une position moins dominante, sont néanmoins des exportateurs de littérature française vers les États-Unis.
Sélection de titres de littérature états-unienne (par ordre chronologique de parution dans la collection)
Le millésime entre crochets, dans certaines références, indique la date de la première parution de l’ouvrage chez Gallimard, dans une collection autre que « Du Monde entier » (la « Blanche » notamment).
HEMINGWAY, Ernest. L’Adieu aux armes [A Farewell to Arms, 1929]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau, préf. Pierre Drieu la Rochelle, 1931 [1931]*.
FAULKNER, William. Sanctuaire [Sanctuary, 1931]. Trad. Henri Delgove et René-Noël Raimbault, préf. André Malraux, 1933 [1933].
FAULKNER, William. Tandis que j’agonise [As I lay dying, 1930]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau, préf. Valery Larbaud, 1934 [1934].
CALDWELL, Erskine. Le petit arpent du bon Dieu [God’s Little Acre, 1933]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau, préf. André Maurois, 1936 [1936].
FAULKNER, William. Sartoris [Sartoris, 1929]. Trad. Henri Delgove et René-Noël Raimbault, 1937 [1937].
FAULKNER, William. Le bruit et la fureur [The Sound and The Fury, 1929]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau, 1938 [1938].
LEWIS, Sinclair. Les Parents prodigues [The Prodigal Parents, 1938]. Trad. Joseph Sorin, 1939 [1939].
STEINBECK, John. Des souris et des hommes [Of Mice and Men, 1937]. Trad. et introd. Maurice-Edgar Coindreau, préf. Joseph Kessel, 1939 [1939] ; nouvelle trad. et préf. Agnès Desarthe, 2022.
PROKOSCH, Frédéric. Les Asiatiques [The Asiatics, 1935]. Trad. Max Morise, 1947 [1947].
STEINBECK, John. Les raisins de la colère [Grapes of Wrath, 1939]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau et Marcel Duhamel, 1947 [1947] ; nouvelle trad. et préf. Charles Recoursé, 2022.
DOS PASSOS, John. Manhattan Transfer [Manhattan Transfer, 1925]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau, 1948 [1928] ; nouvelle trad. Philippe Jaworski, 2021.
HEMINGWAY, Ernest. Cinquante mille dollars [50000 dollars, 1927]. Trad. Ott de Weymer, 1948 [1928].
CAPOTE, Truman. Les Domaines hantés [Other Voices, Other Rooms, 1948]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau, 1949 [1949].
STEINBECK, John. Les naufragés de l’autocar [The Wayward Bus, 1947]. Trad. Marcel Duhamel et Renée Vavasseur, 1949 [1949].
ALGREN, Nelson. Le matin se fait attendre [Never Come Morning, 1942]. Trad. René Guyonnet, préf. Richard Wright, 1950.
DOS PASSOS, John. USA I. Le 42e parallèle [42nd Parallel, 1930]. Trad. Norbert Guterman, 1951.
BOWLES, Paul. Un thé au Sahara [The Sheltering Sky, 1949]. Trad. Simone Martin-Chauffier et Henri Robillot, 1952.
FAULKNER, William. L’Intrus [Intruder in the Dust, 1948]. Trad. René-Noël Raimbault, 1952.
FITZERALD, Francis Scott. Le Dernier Nabab [The Last Tycoon, 1941]. Trad. André Michel, 1952 ; nouvelle trad. Suzanne V. Mayoux, avant-propos Edmund Wilson, 1977.
HEMINGWAY, Ernest. Le vieil homme et la mer [The Old Man and the Sea, 1952]. Trad. Jean Dutourd, 1952 ; nouvelle trad. et préf. Philippe Jaworski, 2017.
CALDWELL, Erskine. Soleil du Sud [Southways, 1938]. Trad. Max Morise, 1953.
MILLER, Henry. Souvenir souvenirs [Remember to Remember, 1947]. Trad. André Michel, 1953.
GOYEN, William. La maison d’haleine [The House of Breath, 1950]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau, 1954.
STEIN, Gertrude. Trois vies [Three Lives, 1909]. Trad. Raymond Schwab et Andrée Valette, introd. Raymond Schwab, 1954.
WRIGHT, Richard. Le Transfuge [The Outsider, 1953]. Trad. Guy de Montlaur, 1955.
HIMES, Chester. La fin d’un primitif [End of a Primitive, 1956]. Trad. Yves Malartic, 1956.
HEMINGWAY, Ernest. Le soleil se lève aussi [The Sun Also Rises, 1926]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau, préf. Jean Prévost, 1958 [1933].
DOS PASSOS, John. Le grand dessein [The Grand Design, 1949]. Trad. Jean Rosenthal, 1959.
NABOKOV, Vladimir. Lolita [Lolita, 1955]. Trad. Éric Kahane, 1959 ; nouvelle trad. et introd. Maurice Couturier, 2001.
O’CONNOR, Flannery. La sagesse dans le sang [Wise Blood, 1952]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau, 1959.
HUMPHREY, William. L’adieu du chasseur [Home from the Hill, 1958]. Trad. et préf. Jean Lambert, 1960.
KEROUAC, Jack. Sur la route [On the Road, 1957]. Trad. Jacques Houbart, préf. Michel Mohrt, 1960 ; Sur la route. Le rouleau original [On The Road : The Original Scroll, 2007] nouvelle trad. par Josée Kamoun, éd. et préf. Howard Cunnell, préf. Joshua Kupetz, George Mouratidis et Penny Vlagopoulos, 2010.
STEINBECK, John. La perle [The Pearl, 1947]. Trad. Marcel Duhamel et Renée Vavasseur, 1962 [1950].
STYRON, William. La Proie des flammes [Set This House on Fire, 1960]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau, 1962.
FITZGERALD, Francis Scott. La fêlure et autres nouvelles [The Crack Up, 1945]. Trad. Dominique Aury et Suzanne V. Mayoux, préf. Roger Grenier, 1963.
KEROUAC, Jack. Les Clochards célestes [The Dharma Bums, 1958]. Trad. Marc Saporta, 1963.
STYRON, William. La Marche de nuit [The Long March, 1952]. Trad. Michel Mort, 1963.
STYRON, William. Un Lit de ténèbres [Lie Down in Darkness, 1951]. Trad. Michal Arnaud, 1963.
HEMINGWAY, Ernest. Paris est une fête [A Moveable Feast, 1964]. Trad. Marc Saporta, 1964 ; nouvelle éd. Seán Hemingway, avant-propos de Patrick Hemingway 2011.
WILLIAMS, Carlos William. Autobiographie [Autobiography, 1951]. Trad. Jacqueline Ollier, 1973.
FOOTE, Shelby. L’Enfant de la fièvre [Jordan County, 1954]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau et Claude Richard, préf. Michel Gresset, 1975.
ROTH, Philip. Les livres de Kepesh. Le Sein [The Breast, 1972]. Trad. Georges Magnane, préf. Theodore Solotaroff, 1975.
MELVILLE, Herman, Redburn ou Sa première croisière. Confessions et souvenirs d’un fils de famille engagé comme mousse dans la marine marchande américaine [Redburn: His First Voyage, 1849]. Trad. Armel Guerne, préf. Pierre Mac Orlan, 1976.
FOOTE, Shelby. Tourbillon [Follow Me Down, 1950]. Trad. Hervé Belkiri-Deluen et Maurice-Edgar Coindreau, postf. J. M. G. Le Clézio, 1978.
HEMINGWAY, Ernest. Les vertes collines d’Afrique [Green Hills of Africa, 1935]. Trad. Janine Delpech, 1978 [1937].
UPDIKE, John. Épouse-moi [Marry Me, 1976]. Trad. Maurice Rambaud, 1978.
GORDON, Mary. Pour solde de tout compte [Final Payments, 1978]. Trad. Georges Magnane, 1979.
HAWTHORNE, Nathaniel. La maison aux sept pignons [The House of the Seven Gables, 1851]. Trad. Marie Canavaggia, 1979 [1960].
MC COY, Horace. J’aurais dû rester chez nous [I Should Have Stayed Home, 1938]. Trad. Marcel Duhamel et Claude Simonet, 1979 [1948].
ROTH, Philip. Les livres de Kepesh. Professeur de désir [Kepesh novels.The Professor of Desire, 1977]. Trad. Henri Robillot, 1979.
HAWTHORNE, Nathaniel. Valjoie [The Blithedale Romance, 1852]. Trad. Marie Canavaggia, préf. André Maurois, 1980 [1952].
MELVILLE, Herman. Billy Budd, marin(Récit interne) suivi de Daniel Orme [Billy Budd, Sailor (An Inside Narrative), 1924]. Trad. et préf. Pierre Leyris, 1980.
UPDIKE, John. Le Putsch [The Coup, 1978]. Trad. Maurice Rambaud, 1980.
MELVILLE, Herman. Poèmes de guerre [Battle-Pieces and Aspects of The War, 1866]. Trad. et préf. Pierre Leyris, 1981.
ROTH, Philip. Les livres de Zuckerman. L’écrivain des ombres [The Ghost Writer, 1979]. Trad. Henri Robillot, 1981.
ROTH, Philip. Les livres de Zuckerman. Zuckerman délivré [ZuckermanUnbound, 1981]. Trad. Henri Robillot, 1982.
HUMPHREY, William. La Course amoureuse [The Spawning Run, 1970]. Trad. Jean Lambert, 1984.
POUND, Ezra. Poèmes suivis d’Hommage à Sextus Propertius [Homage to Sextus Propertius, 1934]. Trad. Michèle Pinson, Ghislain Sartoris et Alain Suied, 1985.
HUMPHREY, William. Une neige toute fraîche [The Last Husband, 1953]. Trad. Jean Lambert, 1988.
MELVILLE, Herman. Pierre ou Les ambiguïtés [Pierre ; or, The Ambiguities, 1852]. Trad. Pierre Leyris, 1989 [1939].
ROTH, Philip. Les livres de Zuckerman. La Contrevie [The Counterlife, 1986]. Trad. Michel Waldberg, 1989 ; nouvelle trad. Josée Kamoun, 2004.
ROTH, Philip. Les livres de Roth. Les Faits. Autobiographie d’un romancier [The Facts. A Novelist’s Autobiography, 1988]. Trad. Michel Waldberg, 1990 ; nouvelle trad. Josée Kamoun, 2020.
MINOT, Susan. Sensualité et autres nouvelles [Lust and Other Stories, 1989]. Trad. Alain Delahaye, 1991.
WIDEMAN, John Edgard. Reuben [Reuben, 1987]. Trad. Marianne Guénot, 1994.
FLYNN, Nick. Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie [Another Bullshit Night in Suck City, 2004]. Trad. Anne-Laure Tissut, 2006.
STYRON, William. À tombeau ouvert. Cinq histoires du corps des Marines [The Suicide Run: Five Tales of the Marine Corps, 2009]. Trad. Clara Mallier, 2011.
BURROUGHS, William. KEROUAC, Jack. Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines [And the Hippos Were Boiled in Their Tanks, 1945/2008]. Trad. Josée Kamoun, postf. de James Grauerholz, 2012.
PROSE, Francine. Deux amantes au Caméléon [Lovers at the Chameleon Club, Paris, 1932, 2014]. Trad. Dominique Letellier, 2015.
GLÜCK, Louise. Nuit de foi et de vertu [Faithful and Virtuous Night, 2014]. Trad. Romain Benini, 2021.
Notice et bibliographie établies par Barbara Dimopoulou - Maîtresse de conférences, AMU / CIELAM, coresponsable du master « Monde du livre »
Pour citer cette notice : Notice Du Monde entier (1931 – ) par Barbara Dimopoulou, Dictionnaire des Passeurs de la Littérature des États-Unis, mise en ligne le 4 novembre 2024 - dernière modification le 7 novembre 2024, url : https://dicopalitus.huma-num.fr/notice/du-monde-entier-1931/
Bibliographie
Catalogues imprimés et Bulletins NRF
Fascicules conservés dans le fonds Q10 (catalogues de libraires, d’imprimeurs et d’éditeurs, français et étrangers) de la Bibliothèque nationale de France. Consultation des catalogues généraux, suppléments et extraits de catalogues NRF-Gallimard des années 1931, 1936, 1948, 1952, 1957, 1962, 1968, 1969, 1981, 1989, 1990, 2002 et des Bulletins mensuels des années 1960-1992 (n° 145 – n° 392).
Bibliographie secondaire
ASSOULINE, Pierre. Gaston Gallimard. Un demi-siècle d’édition française. Paris : Balland, 1984.
FOUCHÉ, Pascal. « Gallimard ». In Dictionnaire encyclopédique du Livre, t. II. Paris : Éditions du Cercle de la Librairie, 2005, p. 332-334.
GOUANVIC, Jean-Marc. Pratique sociale de la traduction le roman réaliste américain dans le champ littéraire français (1920-1960). Artois : Artois Presses Université, coll. « Traductologie », 2007.
KOPP, Robert. « Regards sur le catalogue de collections ». In Gallimard 1911-2011. Lectures d’un catalogue.Les entretiens de la fondation des Treilles, dir. Alban Cerisier, Pascal Fouché et Robert Kopp. Paris : Gallimard, 2012, p. 163-176.
LECLAIR, Yves. « Du Monde entier. Poésies complètes, 1912-1924, Blaises Cendrars ». In Encyclopædia Universalis.
MOLLIER, Jean-Yves. Une autre histoire de l’édition française. Paris : La Fabrique Éditions, 2015.
PARINET, Elisabeth. Une histoire de l’édition à l’époque contemporaine, XIXe-XXe siècle. Paris : Seuil, coll. « Points histoire », 2004.
POULIN, Isabelle, BANOUN, Bernard. « Fictions en prose ». Histoire des traductions en langue française (XXe siècle), dir. Bernard Banoun, Isabelle Poulin et Yves Chevrel. Paris : Verdier, 2019, p. 745-862.
SAPIRO, Gisèle. « À l’international ». Gallimard 1911-2011. Lectures d’un catalogue.Les entretiens de la fondation des Treilles, dir. Alban Cerisier, Pascal Fouché et Robert Kopp. Paris : Gallimard, 2012, p. 124-147.
SAPIRO, Gisèle. « Les grandes tendances du marché de la traduction ». Histoire des traductions en langue française (XXe siècle), dir. Bernard Banoun, Isabelle Poulin et Yves Chevrel. Paris : Verdier, 2019, p. 55-176.
Sélection de titres de littérature états-unienne (par ordre chronologique de parution dans la collection)
Le millésime entre crochets, dans certaines références, indique la date de la première parution de l’ouvrage chez Gallimard, dans une collection autre que « Du Monde entier » (la « Blanche » notamment).
HEMINGWAY, Ernest. L’Adieu aux armes [A Farewell to Arms, 1929]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau, préf. Pierre Drieu la Rochelle, 1931 [1931]*.
FAULKNER, William. Sanctuaire [Sanctuary, 1931]. Trad. Henri Delgove et René-Noël Raimbault, préf. André Malraux, 1933 [1933].
FAULKNER, William. Tandis que j’agonise [As I lay dying, 1930]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau, préf. Valery Larbaud, 1934 [1934].
CALDWELL, Erskine. Le petit arpent du bon Dieu [God’s Little Acre, 1933]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau, préf. André Maurois, 1936 [1936].
FAULKNER, William. Sartoris [Sartoris, 1929]. Trad. Henri Delgove et René-Noël Raimbault, 1937 [1937].
FAULKNER, William. Le bruit et la fureur [The Sound and The Fury, 1929]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau, 1938 [1938].
LEWIS, Sinclair. Les Parents prodigues [The Prodigal Parents, 1938]. Trad. Joseph Sorin, 1939 [1939].
STEINBECK, John. Des souris et des hommes [Of Mice and Men, 1937]. Trad. et introd. Maurice-Edgar Coindreau, préf. Joseph Kessel, 1939 [1939] ; nouvelle trad. et préf. Agnès Desarthe, 2022.
PROKOSCH, Frédéric. Les Asiatiques [The Asiatics, 1935]. Trad. Max Morise, 1947 [1947].
STEINBECK, John. Les raisins de la colère [Grapes of Wrath, 1939]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau et Marcel Duhamel, 1947 [1947] ; nouvelle trad. et préf. Charles Recoursé, 2022.
DOS PASSOS, John. Manhattan Transfer [Manhattan Transfer, 1925]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau, 1948 [1928] ; nouvelle trad. Philippe Jaworski, 2021.
HEMINGWAY, Ernest. Cinquante mille dollars [50000 dollars, 1927]. Trad. Ott de Weymer, 1948 [1928].
CAPOTE, Truman. Les Domaines hantés [Other Voices, Other Rooms, 1948]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau, 1949 [1949].
STEINBECK, John. Les naufragés de l’autocar [The Wayward Bus, 1947]. Trad. Marcel Duhamel et Renée Vavasseur, 1949 [1949].
ALGREN, Nelson. Le matin se fait attendre [Never Come Morning, 1942]. Trad. René Guyonnet, préf. Richard Wright, 1950.
DOS PASSOS, John. USA I. Le 42e parallèle [42nd Parallel, 1930]. Trad. Norbert Guterman, 1951.
BOWLES, Paul. Un thé au Sahara [The Sheltering Sky, 1949]. Trad. Simone Martin-Chauffier et Henri Robillot, 1952.
FAULKNER, William. L’Intrus [Intruder in the Dust, 1948]. Trad. René-Noël Raimbault, 1952.
FITZERALD, Francis Scott. Le Dernier Nabab [The Last Tycoon, 1941]. Trad. André Michel, 1952 ; nouvelle trad. Suzanne V. Mayoux, avant-propos Edmund Wilson, 1977.
HEMINGWAY, Ernest. Le vieil homme et la mer [The Old Man and the Sea, 1952]. Trad. Jean Dutourd, 1952 ; nouvelle trad. et préf. Philippe Jaworski, 2017.
CALDWELL, Erskine. Soleil du Sud [Southways, 1938]. Trad. Max Morise, 1953.
MILLER, Henry. Souvenir souvenirs [Remember to Remember, 1947]. Trad. André Michel, 1953.
GOYEN, William. La maison d’haleine [The House of Breath, 1950]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau, 1954.
STEIN, Gertrude. Trois vies [Three Lives, 1909]. Trad. Raymond Schwab et Andrée Valette, introd. Raymond Schwab, 1954.
WRIGHT, Richard. Le Transfuge [The Outsider, 1953]. Trad. Guy de Montlaur, 1955.
HIMES, Chester. La fin d’un primitif [End of a Primitive, 1956]. Trad. Yves Malartic, 1956.
HEMINGWAY, Ernest. Le soleil se lève aussi [The Sun Also Rises, 1926]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau, préf. Jean Prévost, 1958 [1933].
DOS PASSOS, John. Le grand dessein [The Grand Design, 1949]. Trad. Jean Rosenthal, 1959.
NABOKOV, Vladimir. Lolita [Lolita, 1955]. Trad. Éric Kahane, 1959 ; nouvelle trad. et introd. Maurice Couturier, 2001.
O’CONNOR, Flannery. La sagesse dans le sang [Wise Blood, 1952]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau, 1959.
HUMPHREY, William. L’adieu du chasseur [Home from the Hill, 1958]. Trad. et préf. Jean Lambert, 1960.
KEROUAC, Jack. Sur la route [On the Road, 1957]. Trad. Jacques Houbart, préf. Michel Mohrt, 1960 ; Sur la route. Le rouleau original [On The Road : The Original Scroll, 2007] nouvelle trad. par Josée Kamoun, éd. et préf. Howard Cunnell, préf. Joshua Kupetz, George Mouratidis et Penny Vlagopoulos, 2010.
STEINBECK, John. La perle [The Pearl, 1947]. Trad. Marcel Duhamel et Renée Vavasseur, 1962 [1950].
STYRON, William. La Proie des flammes [Set This House on Fire, 1960]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau, 1962.
FITZGERALD, Francis Scott. La fêlure et autres nouvelles [The Crack Up, 1945]. Trad. Dominique Aury et Suzanne V. Mayoux, préf. Roger Grenier, 1963.
KEROUAC, Jack. Les Clochards célestes [The Dharma Bums, 1958]. Trad. Marc Saporta, 1963.
STYRON, William. La Marche de nuit [The Long March, 1952]. Trad. Michel Mort, 1963.
STYRON, William. Un Lit de ténèbres [Lie Down in Darkness, 1951]. Trad. Michal Arnaud, 1963.
HEMINGWAY, Ernest. Paris est une fête [A Moveable Feast, 1964]. Trad. Marc Saporta, 1964 ; nouvelle éd. Seán Hemingway, avant-propos de Patrick Hemingway 2011.
WILLIAMS, Carlos William. Autobiographie [Autobiography, 1951]. Trad. Jacqueline Ollier, 1973.
FOOTE, Shelby. L’Enfant de la fièvre [Jordan County, 1954]. Trad. Maurice-Edgar Coindreau et Claude Richard, préf. Michel Gresset, 1975.
ROTH, Philip. Les livres de Kepesh. Le Sein [The Breast, 1972]. Trad. Georges Magnane, préf. Theodore Solotaroff, 1975.
MELVILLE, Herman, Redburn ou Sa première croisière. Confessions et souvenirs d’un fils de famille engagé comme mousse dans la marine marchande américaine [Redburn: His First Voyage, 1849]. Trad. Armel Guerne, préf. Pierre Mac Orlan, 1976.
FOOTE, Shelby. Tourbillon [Follow Me Down, 1950]. Trad. Hervé Belkiri-Deluen et Maurice-Edgar Coindreau, postf. J. M. G. Le Clézio, 1978.
HEMINGWAY, Ernest. Les vertes collines d’Afrique [Green Hills of Africa, 1935]. Trad. Janine Delpech, 1978 [1937].
UPDIKE, John. Épouse-moi [Marry Me, 1976]. Trad. Maurice Rambaud, 1978.
GORDON, Mary. Pour solde de tout compte [Final Payments, 1978]. Trad. Georges Magnane, 1979.
HAWTHORNE, Nathaniel. La maison aux sept pignons [The House of the Seven Gables, 1851]. Trad. Marie Canavaggia, 1979 [1960].
MC COY, Horace. J’aurais dû rester chez nous [I Should Have Stayed Home, 1938]. Trad. Marcel Duhamel et Claude Simonet, 1979 [1948].
ROTH, Philip. Les livres de Kepesh. Professeur de désir [Kepesh novels.The Professor of Desire, 1977]. Trad. Henri Robillot, 1979.
HAWTHORNE, Nathaniel. Valjoie [The Blithedale Romance, 1852]. Trad. Marie Canavaggia, préf. André Maurois, 1980 [1952].
MELVILLE, Herman. Billy Budd, marin(Récit interne) suivi de Daniel Orme [Billy Budd, Sailor (An Inside Narrative), 1924]. Trad. et préf. Pierre Leyris, 1980.
UPDIKE, John. Le Putsch [The Coup, 1978]. Trad. Maurice Rambaud, 1980.
MELVILLE, Herman. Poèmes de guerre [Battle-Pieces and Aspects of The War, 1866]. Trad. et préf. Pierre Leyris, 1981.
ROTH, Philip. Les livres de Zuckerman. L’écrivain des ombres [The Ghost Writer, 1979]. Trad. Henri Robillot, 1981.
ROTH, Philip. Les livres de Zuckerman. Zuckerman délivré [ZuckermanUnbound, 1981]. Trad. Henri Robillot, 1982.
HUMPHREY, William. La Course amoureuse [The Spawning Run, 1970]. Trad. Jean Lambert, 1984.
POUND, Ezra. Poèmes suivis d’Hommage à Sextus Propertius [Homage to Sextus Propertius, 1934]. Trad. Michèle Pinson, Ghislain Sartoris et Alain Suied, 1985.
HUMPHREY, William. Une neige toute fraîche [The Last Husband, 1953]. Trad. Jean Lambert, 1988.
MELVILLE, Herman. Pierre ou Les ambiguïtés [Pierre ; or, The Ambiguities, 1852]. Trad. Pierre Leyris, 1989 [1939].
ROTH, Philip. Les livres de Zuckerman. La Contrevie [The Counterlife, 1986]. Trad. Michel Waldberg, 1989 ; nouvelle trad. Josée Kamoun, 2004.
ROTH, Philip. Les livres de Roth. Les Faits. Autobiographie d’un romancier [The Facts. A Novelist’s Autobiography, 1988]. Trad. Michel Waldberg, 1990 ; nouvelle trad. Josée Kamoun, 2020.
MINOT, Susan. Sensualité et autres nouvelles [Lust and Other Stories, 1989]. Trad. Alain Delahaye, 1991.
WIDEMAN, John Edgard. Reuben [Reuben, 1987]. Trad. Marianne Guénot, 1994.
FLYNN, Nick. Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie [Another Bullshit Night in Suck City, 2004]. Trad. Anne-Laure Tissut, 2006.
STYRON, William. À tombeau ouvert. Cinq histoires du corps des Marines [The Suicide Run: Five Tales of the Marine Corps, 2009]. Trad. Clara Mallier, 2011.
BURROUGHS, William. KEROUAC, Jack. Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines [And the Hippos Were Boiled in Their Tanks, 1945/2008]. Trad. Josée Kamoun, postf. de James Grauerholz, 2012.
PROSE, Francine. Deux amantes au Caméléon [Lovers at the Chameleon Club, Paris, 1932, 2014]. Trad. Dominique Letellier, 2015.