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Ludmila SAVITZKY (1881-1957)

Crédits : (c) IMEC

Si la carrière et la renommée de Ludmila Savitzky doivent beaucoup à son premier fait d’armes – la traduction française du premier roman de James Joyce –, on se gardera de sous-estimer sa propre production critique et littéraire, son rôle d’intermédiaire entre le modernisme anglo-américain et les revues littéraires parisiennes, et, bien sûr, ses traductions de nombreux auteurs contemporains tels que H.D., Ezra Pound, John Gunther, Waldo Frank, Christopher Isherwood, Dorothy Parker, James Lord et Frederic Prokosch, pour s’en tenir aux auteurs états-uniens.

Femme de lettres (un recueil de poésie, deux romans, un livre pour enfants, des dizaines de recensions et d’articles de critique littéraire), femme de son temps (trois mariages, goût pour l’amour libre, mépris des convenances), cette « personne remarquable » (Compagnon 85) fut aussi une diariste inspirée et une infatigable épistolière. Sa correspondance avec des figures de la vie intellectuelle et littéraire du premier XXe siècle, tels Constantin Balmont, André Spire et John Rodker, donne un précieux aperçu de ses échanges réguliers avec divers auteurs, éditeurs et directeurs de revue. Elle permet aussi de découvrir les multiples aspects de sa pratique de traductrice, au même titre que les nombreux brouillons et autres documents de travail que conservent aujourd’hui deux centres d’archives, l’un en France (l’IMEC), l’autre aux États-Unis (le Harry Ransom Center).

Grâce à cette masse documentaire, dépouillée et synthétisée par Leonid Livak (Hersant et Livak 17-76), on en sait sans doute plus sur la vie personnelle et professionnelle de Savitzky que sur celle de la plupart des traducteurs qui ne sont pas d’abord des écrivains. Née à Ekaterinbourg, en Russie, Savitzky passe son enfance à Tiflis, en Géorgie, où son père est magistrat. Elle apprend le français auprès d’une gouvernante française, puis au lycée de Tiflis où elle suit également des cours d’anglais et d’allemand, et, à partir de 1897, dans un pensionnat de Lausanne où elle commence à traduire des poèmes du russe vers le français. Après un premier séjour en Grande-Bretagne, elle retrouve sa mère à Paris en 1901 ; celle-ci fréquente le salon de Gustave Kahn, où la jeune Ludmila rencontre Max Jacob, Filippo Tommaso Marinetti et Guillaume Apollinaire. Attirée par le théâtre, elle se lie avec un comédien qui souhaite l’épouser. Alarmée, sa mère envoie Ludmila chez son oncle dans la province de Koursk ; c’est là qu’elle fait la connaissance du grand poète symboliste Constantin Balmont, dont elle devient la maîtresse et, une fois rentrée à Paris, la correspondante et la traductrice. Elle épouse en 1903 René Pillot, l’acteur dont sa mère souhaitait l’éloigner, mais c’est sous le pseudonyme de Lucie Alfé qu’elle multiplie les rôles au théâtre tout au long des années 1910. Elle se plonge dans la poésie française contemporaine et les œuvres d’André Gide, d’Oscar Wilde, de J.-K. Huysmans et de Maurice Maeterlinck. Elle fréquente le milieu des modernistes français, sans toutefois négliger la colonie russe de Paris. Avec le critique Jules Rais, son second mari et le père de ses deux filles, elle participe au projet utopique de la Chartreuse de Neuville, sorte de phalanstère socialiste où séjournent artistes, étudiants et ouvriers.

Au début des années 1910, elle rencontre le poète André Spire, avec lequel elle va nouer une amitié profonde et durable dont témoigne une abondante correspondance. C’est à cette époque que commence la carrière littéraire de Savitzky, qui fait paraître un recueil de ses poèmes et collabore à diverses revues. Elle le doit en grande partie à André Spire, collaborateur de la Poetry Review depuis 1912, qui fréquente des poètes imagistes comme Frank Stuart Flint, Ezra Pound et Richard Aldington, lesquels le font traduire en anglais et qu’il s’emploie de son côté à faire connaître en France. En 1919, il leur recommande « une jeune femme très intelligente qui fait de la critique littéraire » (Savitzky et Spire 206) ; voilà comment Savitzky entreprend de traduire la poésie de Pound et de H.D. dans Les Feuilles libres et dans Le Monde nouveau, non sans rédiger des articles critiques sur ces poètes états-uniens dont elle est la toute première traductrice. Elle se voit bientôt proposer – par Pound lui-même – de traduire A Portrait of the Artist as a Young Man, que James Joyce a fait paraître en 1916. Des années plus tard, dans un texte de soutien à Pound adressé en 1955 à Michel Mohrt, elle évoquera en ces termes cette rencontre capitale :

Le voici devant moi comme il y a trente-cinq ans, crinière et petite barbe fauves, veston de velours fauve, entr’ouvert sur une chemise bleu foncé, à col rabattu. Un regard lucide, direct, exigeant. Ses attitudes libres, ses mouvements souples et sûrs faisaient voir en lui l’homme des grands espaces. On avait confiance dans la hardiesse qui émanait de lui. C’est ainsi que dès cette première entrevue il m’a fait abandonner un autre projet de travail en m’imposant de force la traduction de Joyce. (Hersant et Livak 206)

Première traductrice de Joyce, Savitzky met à la disposition de celui-ci son ancien appartement de Passy, où l’écrivain tout juste débarqué de Trieste logera avec sa famille à l’été et à l’automne de 1920. Le 11 juillet, elle organise chez Spire une soirée amicale où Joyce est présenté à Adrienne Monnier, propriétaire de la Maison des amis des livres, et à son amie Sylvia Beach, qui a fondé la librairie Shakespeare and Company et qui deviendra la première éditrice de Ulysses. Dans la foulée de Dedalus : Portrait de l’artiste jeune par lui-même, qui paraît en 1924 aux éditions de La Sirène, Savitzky traduit plusieurs ouvrages de l’anglais John Rodker, notamment Montagnes russes (Stock, 1923) et Dartmoor (Kra, 1926). Lui-même traducteur de Pierre Jean Jouve, d’Henry de Montherlant et de Jules Romains, Rodker échange avec sa traductrice française des centaines de lettres, en partie publiées (voir Hersant et Livak 281-320). Cette correspondance, d’abord professionnelle, puis amicale et même familiale (puisque Rodker épousera en 1951 la fille aînée de Savitzky), est riche d’enseignements : sur près de trente ans, on voit les deux collègues et amis échanger, parfois quotidiennement, des nouvelles, des conseils de traduction et des réflexions sur l’art de traduire.

Délaissant la traduction tout au long des années 1930 – sans que l’on sache pourquoi –, Savitzky revient à cette activité en pleine guerre, de manière oblique, en révisant en profondeur son travail sur Dedalus en vue d’une nouvelle édition commandée par Gallimard. Parue en 1943 dans la collection « Blanche », cette refonte sera reprise en 1975 dans la collection « Folio », puis en 1982 (révisée par Jacques Aubert) dans la « Bibliothèque de la Pléiade ». On peut regretter que ni le volume Folio ni le volume Pléiade ne reproduisent la préface de l’édition de 1943, où Savitzky expose sa conception du travail de traduction :

Traduire. Quel démon nous suggère la tentation de nous agripper aux ailes d’un esprit, de nous débattre comme Jacob dans une lutte désespérément inégale, tantôt possédant, tantôt possédés, vaincus, obstinés, heureux d’un brin de duvet conquis sur sa virginité fuyante ? Traduire, ajuster un compas, marquer des points de repère là où l’inspiration paraît bondir sans mesures, retomber sans calculs. […] Le double sens (et triple, et multiple), l’équivoque tapie sous un terme banal commencent déjà à poindre ici avant de devenir, dans les œuvres suivantes, cette minutieuse prestidigitation avec les atomes et les montagnes du langage, cette avalanche de jeux de mots, jeux d’idées et d’images, cette cataracte d’attrape-nigauds où nous tournoyons jusqu’au vertige. (« Dedalus en France » 10)

Son activité reprend alors de plus belle : entre la Libération et sa mort, en 1957, Savitzky publie en moyenne deux traductions par an, dont la moitié chez Gallimard. Couronné en 1953 par le prix Denyse-Clairouin (pour sa traduction d’Hommes de pierre de Rex Warner), son travail bénéficie d’un accueil critique très favorable, comme en témoignent les comptes rendus et mots de remerciements cités dans l’étude de Hersant et Livak (219-233). En 1924, Georges Duhamel écrit qu’elle a « merveilleusement traduit » le roman de Joyce ; Pierre Mac Orlan admire « l’excellence de la traduction » ; Léon Bazalgette y voit « l’une des plus belles traductions qu[’il] connaisse » ; en 1946, Henri Hell juge que la traduction d’Isherwood est « la perfection même » ; en 1954, à propos d’un autre roman, Max-Pol Fouchet parle d’une « traduction parfaite » ; en 1956, Michel Mohrt estime qu’« il faut admirer aussi la traduction d’Isherwood par Ludmila Savitzky, dont l’éloge n’est plus à faire » (Hersant et Livak, 221-222, 228, 230-231).

Dans ce concert d’éloges, celui que Valery Larbaud adresse à Savitzky en mai 1924 semble bien réservé : « Avec mes félicitations pour votre bonne traduction. » Deux ans plus tard, Savitzky écrit à Rodker : « Larbaud ne m’aime guère, il m’en veut terriblement parce que j’ai traduit Portrait of the Artist. Il voudrait être le seul responsable de l’introduction de Joyce en France, et a déjà fait tout son possible pour couler mon pauvre Dedalus. » Tout au long des années 1920, Larbaud présente Joyce aux cercles littéraires parisiens, publie des articles sur Joyce et, comme Pound avant lui, s’active pour le faire connaître et apprécier de ses pairs et du grand public. Pas une fois il ne mentionne Savitzky. De même, Sylvia Beach, dans ses mémoires publiés en 1959 sous le titre Shakespeare and Company, ne mentionne Savitzky que brièvement quand elle fait le récit de sa propre rencontre avec Joyce. Malgré une probable rivalité autour de Joyce – chacune ayant œuvré à sa manière à le faire connaître –, les deux femmes ont entretenu des liens cordiaux, quoique intermittents. Savitzky fréquentait régulièrement la librairie de Beach, où elle a notamment emprunté des romans de John Dos Passos – par exemple, en 1930, The 42nd Parallel, Three Soldiers et The Garbage Man – en vue d’un article commandé par Victor Llona pour son anthologie de la littérature américaine (1931). On retrouvera Beach et Savitzky parmi les signataires de la pétition lancée, en février 1927, contre une version pirate américaine de Ulysses. Les archives de Savitzky contiennent de nombreux brouillons de ses traductions – celles, entre autres, d’une nouvelle de Dorothy Parker, d’un chapitre de Waldo Frank et d’un recueil de l’écrivaine gréco-américaine Kay Cicellis. Les étapes successives qui aboutissent à la traduction publiée sont le plus souvent repérables dans des échanges épistolaires ou sur les pages mêmes de ces brouillons ; on la voit ainsi hésiter, se tromper, se corriger, affronter une difficulté, y revenir à plusieurs reprises, en triompher ou non, se faire aider, établir des listes de vocabulaire ou de questions, dater ses premiers jets et ses révisions, accorder une même rigoureuse attention aux épreuves finales qu’au tout premier jet. Dans ses réflexions éparses sur l’art de traduire, recueillies par Hersant et Livak (209-218), Savitzky professe un respect scrupuleux des spécificités de l’original « si la traduction veut être honnête » (215) :

Quelque chose, fatalement, doit se perdre, s’évaporer au cours du transfert. Dans la fragilité de la matière verbale, où est l’élément qu’il faut prélever avant tout, et au prix de quels sacrifices y parviendra-t-on ? Trahit-on davantage en s’attachant à la valeur linguistique de chaque mot ou en essayant de rendre surtout le sens que les mots peuvent avoir par leur son, par les associations d’idées qui les accompagnent ?

Un texte qui est « obscur » dans l’original doit le rester en traduction.

L’ouvrage doit rester tel qu’on puisse dire : c’est anglais, russe, allemand, américain.

« Cela a l’air d’avoir été écrit en français » est, si l’on veut, un compliment acceptable pour le traducteur. Mais si cela a l’air d’avoir été conçu, et pensé en français, c’est un échec que les meilleurs des interprètes n’ont pas toujours évité. (Hersant et Livak 217, 213, 211)

Dans un autre document d’archive, elle parle à nouveau de « traduire honnêtement un livre » (Hersant et Livak 89), et il faut sans doute entendre le terme au sens que lui donne Michel Ballard (218) quand il évalue les traductions de Valery Larbaud : « Il traduit de façon relativement honnête, comme l’ont fait et le font de nombreux traducteurs, en se préoccupant de leur public et de la lisibilité du texte d’arrivée, sans débordement excessif. » Une traduction honnête : ce mot résume à lui seul la conception que Savitzky se fait de sa propre pratique. Il annonce en partie la « visée éthique » que définira bien plus tard le traductologue Antoine Berman, et qui consiste notamment à éviter de son mieux les (inévitables) tendances déformantes qui constituent la traduction ethnocentrique.

Notice et bibliographie établies par Patrick Hersant Maître de conférences en littérature anglaise, Université Paris 8, TransCrit.
Pour citer cette notice : Notice Ludmila SAVITZKY (1881-1957) par Patrick Hersant , Dictionnaire des Passeurs de la Littérature des États-Unis, mise en ligne le 26 janvier 2025 - dernière modification le 4 mars 2025, url : https://dicopalitus.huma-num.fr/notice/ludmila-savitzky-1881-1957/ 

Bibliographie

Bibliographie primaire

Fonds Ludmila Savitzky, Institut Mémoires de l’édition contemporaine, Caen, cotes SVZ/1 à SVZ/38.

John Rodker Papers, Harry Ransom Center, University of Texas at Austin, cotes 42.5 à 45.4.

Œuvres traduites

Auteurs états-uniens

FRANK, Waldo. Nouvelle Découverte de l’Amérique. Introduction à une philosophie de la vie américaine [The Rediscovery of America. An Introduction to a Philosophy of American Life, 1929]. Paris : Bernard Grasset, 1930.

GUNTHER, John. Derrière le rideau de fer [Behind Europe’s Curtain, 1949]. Paris, Gallimard, 1951.

ISHERWOOD, Christopher. Intimités berlinoises [Goodbye to Berlin, 1939]. Paris : Fontaine, 1946,

ISHERWOOD, Christopher. Le Monde au crépuscule [The World in the Evening, 1954]. Paris : Denoël, 1956.

LORD, James. Sans droit de retour [No Traveler Returns, 1956]. Paris : Plon, 1957.

PARKER, Dorothy. « Pouliche » [« Horsie », 1932]. Marie-France, 28 novembre 1955, p. 8-11.

PROKOSCH, Frederic. La Tempête et l’Écho [Storm and Echo, 1948]. Paris : Gallimard, 1956.

Auteurs britanniques

JOYCE, James. Dedalus, Portrait de l’artiste jeune par lui-même [A Portrait of the Artist as a Young Man, 1916]. Paris : La Sirène, 1924.

JOYCE, James. Stephen le héros. Fragment de la première partie de « Dedalus » [Stephen Hero, 1944]. Préf. Théodore Spencer. Paris : Gallimard, 1948.

RODKER, John. Dartmoor [Dartmoor, 1925]. Paris : Le Sagittaire, 1926.

RODKER, John. Montagnes russes [The Switchback, 1921]. Préf. Edmond Jaloux. Paris : Stock, 1923.

WARNER, Rex. L’Aérodrome [The Aerodrome, 1941]. Paris : Fontaine, 1945.

WARNER, Rex. La Chasse à l’oie sauvage [The Wild Goose Chase, 1937]. Paris : Gallimard, 1954.

WOOLF, Virginia. La Traversée des apparences [The Voyage Out, 1915]. Préf. Max-Pol Fouchet. Paris : Le Cahier gris, 1948.

Mémoires, articles, préfaces (sélection)

« Journal d’exode ». Revue de l’Académie du Centre. Histoire et patrimoine de l’Indre, 2010, p. 162-178.

« Esquisses anglaises. H.D. ». Les Feuilles libres, mai 1920, p. 249-253.

« Richard Aldington. Poète imagiste ». The Anglo-French Review, juin 1920, p. 569-576.

« Esquisses anglaises. Ezra Pound ». Les Feuilles libres, août 1920, p. 391-395.

« Notes sur le roman franco-étranger ». La Revue européenne, mars-avril 1930, p. 371-376.

« Les traductions françaises de romans étrangers ». Tous les livres, 15 juin 1930, p. 857-867.

« John Dos Passos ». Les Romanciers américains. Éd. Victor Llona. Paris : Denoël et Steele, 1931, p. 109-112.

« Dedalus en France ». James Joyce, Dedalus. Portrait de l’artiste jeune par lui- même. Paris : Gallimard, 1943, p. 7-14.

Ouvrages (sélection)

SAVITZKY, Ludmila. Les Quatre Princesses et le cœur fermé. Précédé de quelques poèmes. Paris : E. Figuière et Cie, 1914.

SAVITZKY, Ludmila. La Clairière aux enfants. Paris : E. Figuière et Cie, 1920.

SAVITZKY, Ludmila. Jean-Pierre. Illustrations Maggie Salgedo. Paris : Librairie Gédalge, 1929.

SAVITZKY, Ludmila et André SPIRE. Une Amitié tenace. Correspondance 1910-1957. Éd. Marie-Brunette Spire. Paris : Les Belles Lettres, 2010.

Bibliographie secondaire

BALLARD, Michel. « Valery Larbaud, traducteur zélé, théoricien dilettante ». Portraits de traducteurs. Dir. Jean Delisle. Arras : Artois Presses Université, 1999, p. 207-235.

COMPAGNON, Antoine. « Ludmila Savitzky 1925 ». Proust du côté juif. Paris : Gallimard, 2022, p. 85-89.

HERSANT, Patrick. « Fonds Ludmila Savitzky ». Manuscrits de Traduction, 1 janvier 2021.

HERSANT, Patrick. « “Ce qu’il faut traduire, c’est le livre de Joyce” : les brouillons de Ludmila Savitzky ». Palimpsestes, n° 34, 2020, p. 60-83.

HERSANT, Patrick et Leonid LIVAK. Portrait d’une traductrice : Ludmila Savitzky à la lumière de l’archive. Paris : Sorbonne Université Presses, 2025.

LIVAK, Leonid. « “A Thankless Occupation”: James Joyce and His Translator Ludmila Savitzky ». Joyce Studies Annual, 2013, p. 33-61.

LLONA, Victor. Les romanciers américains. Paris : Denoël et Steele, 1931.

 

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